Editorial
Les articles de ce numéro abordent quelques une des ouvertures comme des fermetures idéologiques des sociétés contemporaines, inspirées selon le cas par l’air du temps ou par les plus anciennes des doctrines religieuses.
Marc Luyckx se projette dans un avenir qui, après la crise sanitaire, confrontera l’Humanité à une possible crise économico-financière et la contraindra à opter pour de nouveaux systèmes économiques, monétaires, sociaux et culturels.
Haider Khan aborde les réalisations comme les échecs du capitalisme mondial dans le contexte des pandémies, du réchauffement de la planète et autres crises imminentes, dans l’hypothèse d’un ordre économique mondial véritablement durable et juste. Il s’interroge en particulier sur la responsabilité des institutions gérant l’économique mondiale, les institutions (multi)régionales existantes ou à créer et la réforme du FMI afin d’assurer le bien-être des populations, dans les BRICS notamment, après les échecs et les crises du 21e siècle.
A partir des mouvements populistes nord-américains, Nicole Morgan se penche sur les nouveaux pouvoirs mondiaux, au-delà de la droite ou de la gauche, qui engendrent de nouvelles fractures qu’entrainent notamment les « super prédateurs » autant qu’une mosaïque d’Etats abritant des idées populistes de toutes natures autour du thème du bien commun étendu à la planète.
Daniele Archibugi revient en Europe pour décrire les mouvements nationalistes favorisés par l’arrivée des réfugiés, alors que ceux-ci ne constituent en rien une « crise », même si les institutions de l’UE n’arrivent pas à gérer le flux de ces derniers comme des demandeurs d’asile, dont beaucoup se voient obligés d’échapper aux conflits engendrés ou non résolus par les propres pays membre de l’UE.
C’est aussi dans le contexte européen que Pierre Calame se demande si le 21e siècle pourra hériter des Lumières du passé, et par là de proposer au monde des réponses aux enjeux qui se poseront, notamment aux prochaines générations au-delà de l’exercice de la souveraineté exclusive et en concordance avec la seule innovation géopolitique du 20ème siècle.
Marcel Comby se replace dans l’optique de Teilhard de Chardin, indépendamment des dogmes religieux classiques, pour reprendre une conception de « l’éternel féminin » qui situerait une réalité d’ordre ontologique permettant à l’être humain de se replacer dans un état de réceptivité plutôt que dans un état de conquête perpétuelle qui ne ferait que fuir l’instabilité d’un présent évanescent et superficiel.
Raphaël Sandoz s’appuie sur l’histoire des disciplines scientifiques et l’évolution de leurs modes d’interaction pour interpréter le flot de données accumulées par la connaissance et les échecs causés par l’hyperspécialisation. Il s’interroge sur l’articulation des disciplines dans ce contexte et sur la signification de leurs frontières dans la poursuite de la recherche scientifique.
Andrea Caniato, quant à lui, examine la difficile adaptation des techniques contemporaines, et décrit les problèmes acoustiques de l’interprétation simultanée en téléconférence, dus au manque de fréquences sonores et à la concentration de l’énergie spectrale, qui sont contraires aux exigences de l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
Les sections » Documents et débats » et » Écrits » comprennent des commentaires sur certains sujets d’actualité. Marcel Comby discute du sort de la biosphère, Sami Aldeeb revient sur la possibilité ou l’impossibilité de créer deux Etats dans le contexte israélo-palestinien et Yves Beigbeder commente les multiples implications des récents événements géopolitiques.
Paul Ghils