Editorial
L’étude de François Misser aborde le chapitre contemporain du retour de la Chine sur la scène internationale, ici dans le contexte africain. Ce pays est devenu le premier partenaire commercial de l’Afrique et est sur le point de dépasser l’ensemble des acteurs européens sur le continent tout en y étant déjà le premier investisseur, sans oublier les infrastructures ni l’équipement militaire et sécuritaire des Etats africains, selon une stratégie globale qui se garde d’imposer des critères politiques ou idéologiques.
Christian Tremblay revient sur la question de l’usage des langues au sein de l’Union européenne, en distinguant plurilinguisme et multilinguisme, communément synonymes mais dont le Conseil européen de Barcelone de mars 2002 a choisi de privilégier le premier, qui veut que les citoyens européens puissent communiquer en au moins trois langues. L’usage évolue de fait vers une certaine diversification linguistique, qui devrait produire ses effets dans la durée.
François Rastier poursuit dans la deuxième partie de ses études sur la colonisation et la décolonisation l’analyse des concepts controversés qui leur sont liés et leurs traductions, comme les identités, l’anglais « races », les sexes, genres et thèmes associés. La lecture critique qu’il en entreprend replace les interprétations idéologiques et les enjeux qui s’en dégagent dans la complexité des sciences sociales et des principes méthodologiques que requiert la saisie universalisante des sociétés dans leurs interactions.
Cristina Elena Popa Tache analyse dans une optique transdisciplinaire les interactions entre les règles du droit et celles qui gouvernent les religions et, plus largement, la spiritualité. Elle constate que l’époque actuelle sort d’une époque relativement restrictive pour évoluer vers une plus grande ouverture, qu’il s’agisse des normes régissant la médecine et le monde vivant, le domaine de l’éducation, les droits de l’individu ou les critères définissant les différentes cultures, vers un avenir qui reste ouvert.
Luis T. Gutierrez résume les divers chapitres d’une étude globalisante portant sur l’évolution de l’humanité en fonction des divers facteurs qui y convergent, des priorités individuelles aux ressorts collectifs, de l’économie à l’histoire et des impératifs de la croissance à la recherche de modes de décroissance. IL y ajoute la question fondamentale de la définition de la nature humaine polarisée sur le masculin et le féminin, entre les allégories et les structures patriarcales issues notamment de la religion.
Yves Beigbeder rend compte de la situation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) face aux appétits des grandes sociétés multinationales. Les objectifs contradictoires, sinon contraires de l’une et des autres donne lieu à des interprétations divergentes ou biaisées des données scientifiques de la part de certains groupes privés, s’agissant de produits de grande consommation comme le tabac, l’alcool ou les produits alimentaires vendus après transformation industrielle.
Nicole Morgan disserte des diverses formes d’altruisme qui s’offrent aux relations humaines entre les visées laïques et religieuses, le marxisme et la chrétienté, la charité et la passion, l’amour et l’amitié au départ des concepts anciens d’eros, d’agapè et de philia, dont les interprétations se conjuguent différemment dans les diverses cultures d’Occident.
Paul Ghils